mardi 14 mars 2017

« Rien n’est plus vivant qu’un souvenir. » (Federico Garcia Lorca)

Les attentats de Bruxelles, l’Euro 2016, la Jungle de Calais ou encore les Jeux Olympiques de Rio... Tant d’événements qui ont marqué à jamais l’année 2016. Mais que retenir de cette année ? Une rencontre, un sourire, un visage ? Figurez-vous que nous avons eu l’occasion de répondre à cette question grâce à une exposition de photographies, de presse namuroise, qui se déroule actuellement dans la Galerie du Beffroi de Namur.


D’emblée, nous avons été plongés dans une rétrospective en images de l’actualité de l’année écoulée au travers de l’objectif de photographes de presse namurois tels qu’André Dubuisson, Philippe Berger ou encore Vincent Lorent.  Tout au long de cette exposition, ces derniers nous livrent leur regard sur les événements qui ont marqué l’année 2016 et partagent avec nous des moments d’émotion et de vie, nous faisant ainsi découvrir sous forme de flash-backs leur propre rétrospective.


C’est sur une photographie prise au lendemain des attentats de Bruxelles que notre regard s’est posé en tout premier lieu. Celle-ci représente des citoyens qui se réunissent Place de la Bourse pour recouvrir le sol de messages de paix, faisant ainsi   immanquablement et immédiatement renaître les douloureux souvenirs liés à ces tragiques événements. C’est face à une série de photos rappelant des instants plus heureux que nos pas nous guident ensuite, « Namur en Mai », « Esperanzah » ou encore  les « Médiévales à la Citadelle », autant de manifestations qui font partie des événements culturels de notre belle Ville.


Qu’elles soient marquantes, émouvantes ou même parfois insolites, force est de constater que les photographies ont ce pouvoir de faire rejaillir en nous un tas de souvenirs.  Elles retracent tout au long de cette exposition les événements qu’ils soient de nature politique, sportive ou encore sociale. Les personnalités photographiées sont également très variées, cela va des personnages politiques, aux artistes et aux sportifs en passant par « monsieur et madame tout le monde ».

Au premier regard, nous avons été frappés par la qualité des photographies qui étaient exposées, par leur réalisme et les expressions des visages notamment qui se passent de commentaires tellement elles sont remplies de justesse et de vérité. De plus, nous avons beaucoup apprécié les différents contrastes présents sur les photographies. Celles-ci étaient toutes plus nettes les unes que les autres et nous ont transmis beaucoup d’émotions, tantôt nous rappelant un souvenir douloureux, tantôt un moment de joie et de bonheur.

Cette exposition fermera ses portes le 26 février, cela vous laisse encore un petit peu de temps pour vous y rendre. Si vous passez par là, n’hésitez pas à pousser les portes de la Galerie pour vous plonger, vous aussi, le temps de quelques photographies dans l’atmosphère de l’année écoulée en prenant le temps de l’observation, de la réflexion et de l’émotion aussi.

Laura Tinck, 6G

 Jackie de Pablo Larrain

Un peu après Neruda, le film Jackie du chilien Pablo Larrain est sorti en 2016. Le réalisateur s’est intéressé à la vie de l’ex-first Lady, Jacqueline Kennedy, et a réalisé un film de celle-ci avec la talentueuse Nathalie Portman dans le rôle principal. Délicat et aérien, ce film a remporté un grand succès international dont le prix Osella pour le meilleur scénario au Mostra de Venise 2016.


Le film retrace les jours qui ont suivi l’assassinat du président américain John Fitzgerald Kennedy à travers sa femme, Jacqueline Bouvier, surnommé Jackie, admirée pour sa culture et son élégance. Confrontée à la violence de son deuil, elle tente de surmonter ce traumatisme en mettant en valeur l’héritage politique du président et à célébrer l’homme qu’il fut.

D’abord, la célèbre actrice Nathalie Portman joue le rôle de Jackie à la perfection avec une interprétation assez troublante de celle-ci. Elle imite parfaitement sa gestuelle et sa voix de façon très particulière. Tout est là : la coiffure, les vêtements, la grâce un peu froide, une femme mystérieuse obsédée par son image. Le monde entier connait son histoire et ces images : une femme en tailleur rose, affolée sur le capot d’une voiture officielle ou encore cette même femme en noir, à la fois spectaculaire et floue sous son voile, mène la marche funèbre, à Washington, devant des dizaines de chefs d'Etat et un million d'anonymes.



Ensuite, Pablo Larrain a réalisé ce film avec de bonnes idées, notamment celle d’insérer les véritables voix de Jackie et JFK dans des séquences en noir et blanc de type documentaire. Il a également bien découpé son film  sur la semaine entre l’attentat du 22 novembre 1963 de Dallas et les funérailles de JFK tout en insérant l’interview de l’ex-première dame des Etats-Unis, quelques jours après le tragique événement. Sans oublier des flashbacks retraçant différents faits.

Le réalisateur traite de manière humaine le portrait de Jackie, une figure célèbre dans le monde politique tout en s’intéressant davantage aux émotions qu’elle ressent plutôt qu’aux événements historiques, mais surtout tragiques qu’elle a vécus.

Enfin, la dimension psychologique du drame qui s’est produit est intéressante. En effet, l’état psychologique de Jackie est mis en avant, le réalisateur nous montre à quel point les femmes étaient méprisées à cette époque, que peu de personnes s’intéressaient réellement au chagrin qu’elles ressentaient et qu'il n'y avait pas de "d’appui psychologique" pour permettre aux proches de gérer un tel drame. Le statut « femme de président » n'empêche pas le mépris car ces femmes politiques ou épouses d’hommes politiques sont vues comme des femmes hébétées.


Pour conclure, Jackie est un film à la fois émouvant, provoquant et réaliste abordant plusieurs thèmes comme le mariage et l’image de soi. C’est un film à ne pas manquer : il nous confirme bien que Pablo Larrain est un des cinéastes politiques les plus prestigieux de sa génération.

Clémence Leroy, 6G

The art of Banksy

Steve Lazarides, galeriste et promoteur d’art, notamment connu pour avoir été l’agent de Banksy, artiste anglais emblématique du Street art, propose une exposition regroupant quelques quatre-vingt oeuvres de ce dernier. Avec ou sans l’accord de l’artiste, Lazarides a ouvert l’exposition « The art of Banksy » au Stadsfeestzaal à Anvers, lieu annoncé officiellement le 18 décembre 2017 grâce à un lâcher de ballons rouges dans la ville (référence à son oeuvre There is always hope).


Banksy est surtout connu pour ses pochoirs et ses oeuvres remplies d’humour noir qui cherchent à faire passer un message politique sur la société actuelle et la volonté des gens de vouloir tout acheter. A ses débuts, il peignait beaucoup de rats (acronyme de « art ») dans diverses positions et situations. Il se considère lui-même comme un rat, car ces animaux sont une représentation des graffeurs qui bravent l’interdit pour peindre sur les murs des villes et qui agissent cachés dans l’ombre pour ne pas se faire prendre. Une de ses oeuvres la plus emblématique, représentant une petite fille en noir et blanc et au ballon rouge (There is always hope), a même été revisitée en 2014 par Banksy lui-même pour soutenir les victimes du conflit syrien. Il est également le créateur du parc éphémère Dismaland à Weston-super-Mare, qui est une vaste parodie du parc Disneyland et qui rassemble ses oeuvres et celles d’autres artistes. Il voulait dénoncer la noirceur des attractions touristiques et leur côté purement commercial. 


L’exposition se tient dans le Stadsfeestzaal à Anvers, un impressionnant centre commercial. Tout le long de la visite, il y a des explications de l’artiste sur ses oeuvres et sur le contexte dans lequel elles ont été réalisées. En effet, Steve Lazarides a également exposé une série de clichés qui permettaient de restituer le contexte des tags. Ceux-ci avaient été capturés quand il était encore l’agent de Banksy et n’avait jamais été dévoilés !

Parmi les oeuvres exposées, nous retrouvons notamment les billets de dix livres à l’effigie de Lady Diana que Banksy avait lâché dans les rues lors du carnaval de Notting Hill, la sculpture du David de Michel Ange avec un gilet pare-balles, la petite vietnamienne brûlée au Napalm accompagnée de Ronald McDonald et Mickey Mouse et encore beaucoup d’autres.

Malgré le fait que les oeuvres soient très plaisantes et que la visite soit agréable, le fait de faire une exposition payante sur le travail d’un artiste de rue qui dénonce énormément la surconsommation de la société actuelle n’est-il pas un peu contradictoire avec le principe même de l’art urbain ? Même si, dans un sens, c’est le moyen le plus pratique de voir les travaux de Banksy de nos propres yeux, étant donné que la plupart se trouvent dans les rues londoniennes et ne sont donc pas accessibles à tous.


Dans tous les cas, l’exposition ne nous a pas permis de lever le voile sur le plus grand mystère qui entoure l’artiste de rue anglais : qui se cache donc derrière le personnage de Banksy ?


Une exposition pour tous les âges, au prix de 8,50€ pour les enfants et de 19,50€ pour les adultes, accessible tous les jours de la semaine de 11h00 à 19h00, du 14 janvier jusqu’au 19 mars 2017.

Alice Marchal, 6G

mercredi 8 mars 2017

Fêlures : la magie du noir et blanc.

À la galerie Short Cuts : ASBL « Lieux Communs », à Champion, se tiennent habituellement des expositions temporaires gratuites. Ainsi, du 7 janvier au 12 février, l’une d’elles : "Fêlures" d’Anaïs Boudot, la photo travaillée autrement, a retenu notre attention et nous n’avons pas été déçus.



Dans une ancienne poste, au sein du petit village de Champion, deux salles assez vastes aux murs blancs accueillent les photographies de la jeune artiste française de trente-deux ans. La liberté d’interprétation des œuvres est totale : pas de nom, pas de couleurs, juste un jeu et un travail de "négatifs", subtilement déchirés, pliés, plissés, collés, posés, ondulés. Chaque montage est à son tour photographié. La transformation du sujet d’origine : partie du corps humain, végétation, paysage maritime, animal, seul ou mélangé, se révèle fabuleuse et interpelle notre imagination. Parfois proche de la radiographie, l’image souvent traversée par un éclair, tantôt noir, tantôt blanc, nous renvoie à une fêlure qui ne semble pas annonciatrice de rupture, mais plutôt une faille qui nous permet d’atteindre l’image-même, cependant jamais de façon violente.

L’usage de parties de son corps par l’artiste rend la photo encore plus intime, à la fois énigmatique, hors du temps et au plus proche de la sensation personnelle à chacun. Il n’y a pas de doute, Anaïs Boudot a exploré le processus d’apparition de l’image, elle réussit à nous emmener vers nos propres fêlures, nos failles de façon apaisante.


Dans ce cas, la photo peut se révéler thérapeutique, il faut seulement s’assoir et prendre le temps de regarder et d’écouter l’œuvre. Si vous avez l’occasion, c’est à voir.

Marie Grégoire, 6G